Comment marche la pensée visuelle dans le domaine professionnel ?

Mon arrivée avec le mind mapping début des années 2000. Un mind map est constitué d’un sujet central ou sujet principal qui est relié par des connexions organiques irradiantes. Comme un arbre et ses branches, on peut structurer ses idées avec une certaine hiérarchisation non-linéaire.

Je brasse naturellement beaucoup d’informations (learner gallup). Et pour avoir une vue d’ensemble et ne pas être noyée dans les détails, j’ai beaucoup utilisé les mindmaps, écrits à la main et puis ensuite des logiciels. J’ai immédiatement gagné en efficacité pour structurer toutes ces informations, pour comprendre un sujet et le mémoriser. C’est un peu plus tard que je me suis intéressée au pourquoi cela marche et à développer la palette de mes outils visuels.


« 
Visual perception is not a passive recording of stimuli, but an active concern of the mind. » Arnheim

L’information est traitée plus vite

Les neurosciences montrent que la pensée visuelle s’appuie sur des réseaux neuronaux dédiés à la vision, bien plus puissants que ceux du traitement textuel. Ainsi, le cerveau peut traiter traite les images 60 000 fois plus vite que le texte.

Les informations visuelles, comme les schémas, les icônes, les couleurs, activent le cortex visuel de manière quasi-instantanée. Le langage, au contraire, nécessite un décodage séquentiel.

L’ étude montre que 50% du cortex cérébral est dédié au traitement visuel contre 8% pour le toucher et 3% pour l’auditif.  « The Privileged Status of Visual Processing » (Huth et al., 2016, Nature)

La créativité est stimulée via le mode divergent

Le visuel active l’hémisphère droit du cerveau. Ce mode divergent favorise l’association d’idées pour en créer de nouvelles. Et puis, contrairement au langage verbal plus linéaire, le développement des idées se fait en arborescence. L’émergence d’idées se fait en plus grand nombre et avec une plus grande variété.

« Le visuel est le langage universel de l’intelligence »
John Medina -Brain Rules

Étude : « Visual Thinking Triggers Divergent Ideas » (Adobe, 2020) 80% des managers jugent que les employés formés à des outils visuels sont plus innovants.

Recherche : « Design Thinking & Visual Prototyping » (Stanford d.school, 2023) Les prototypes visuels, même basiques, accélèrent l’itération pour innover en R&D.

Cerveau et complexité

La compréhension émerge de l’organisation visuelle

La visualisation sur feuille de papier aide à structurer un projet complexe, à le clarifier et ceci bien mieux qu’un discours. On peut décomposer des concepts abstraits en éléments concrets, même des formes simples. Dans sa prise de note, on relie alors ses idées par des associations spatiales, par des flèches, par la taille des éléments qui hiérarchisent. Par conséquent, les informations complexes peuvent être synthétisées sous forme d’une carte conceptuelle.

D’un coup d’œil, les liens entre tâches du projet se révèlent (contrairement à une liste linéaire).

David Sibbet un pionnier de la facilitation graphique, rencontré lors d’une rencontre internationale de facilitateurs visuels, a coutume de dire que « Dessiner, c’est déjà penser. »

Les schémas aident à modéliser des scénarios complexes

Exemple: Design thinking dans la semaine de la créativité à Burgondy Business School: Les prototypes visuels, de simples croquis, aide les membres du groupes communiquer entre eux. Ils peuvent plus facilement questionner une partie de leur prototype pour avancer plus efficacement dans leur projet. Enfin, leur maquette les aide à présenter leur produit ou service aux entreprises.

Le rôle des images contre la surcharge mentale

Le stress affecte le champ visuel qui se rétrécit et altère la cognition visuelle sous l’effet du cortisol.

Les outils visuels réduisent la charge cognitive

Les outils visuels externalisent les idées du cerveau au papier. Selon la théorie de la charge cognitive de Sweller, ils allègent la mémoire de travail. La structuration des idées qui se fait sur un objet distinct, permet de voir sous une autre perspective, avec du recul.

Une étude (HBR, 2022) montre que les réunions avec facilitation graphique réduisent la fatigue mentale de 40%.

Mémoire renforcée et engagement émotionnel accru

Couleurs et formes favorisent l’attention et stimulent le système limbique, le siège du traitement des émotions

Les participants retiennent 80% des infos présentées visuellement contre 20% pour un discours (Medina, Brain Rules).

Mais combiner texte et images améliore la rétention d’information de 75% par rapport à un texte seul.

La double codage verbal et visuel (théorie de Paivio) crée des connexions neuronales supplémentaires, facilitant la réactivation des idées mémorisées.« Dual Coding Theory Revisited » (Mayer & Fiorella, 2022, Educational Psychology Review)

« Sketchnoting for Knowledge Retention » (University of Waterloo, 2019) Les participants utilisant le croquis-note retiennent 50% d’informations en plus après 7 jours.

Comment la pensée visuelle impacte la communication et la productivité

Un croquis réduit les ambiguïtés

Un croquis réduit les ambiguïtés à la fois pour les individus mais aussi au sein d’un groupe.

Dans un atelier que je facilite, par exemple, je peux questionner le groupe car ce que j’ai entendu ne se dessine pas. Non pas que je ne sache pas comment le représenter visuellement, mais plutôt,parce qu’il y a trop d’ambiguïté. Je pose alors des questions précises pour amener le groupe à se mettre d’accord sur les points flous.

L’équipe s’aligne en produisant une référence visuelle commune qui servira de point de repère pour les réunions à venir.

La mémoire visuelle à court terme améliore la résolution de problèmes complexes de 40% vs les méthodes verbales selon l’étude  « Visual Working Memory Enhances Problem-Solving » (Brady et al., 2020, Psychological Science.)

Quels outils pour une collaboration visuelle ? » voir mes services

Étude : « Impact of Visual Tools on Team Performance » (Harvard Business Review, 2021) Les équipes utilisant des outils visuels, comme les cartes mentales, prennent des décisions 30% plus vite et avec 25% moins de conflits.

Une meta-analyse conclue que les organisations avec une culture « visuelle » ont 2 fois moins de malentendus en télétravail : »Visual Communication in Remote Work » (Gartner, 2023)