Comment les neurosciences valorisent la pensée visuelle

Les neurosciences ont bien étudié le fonctionnement du cerveau et le traitement particulier qu’il a des images.


« 
Visual perception is not a passive recording of stimuli, but an active concern of the mind. » Arnheim

Que disent les neurosciences sur la pensée visuelle au travail?

Les neurosciences montrent que la pensée visuelle s’appuie sur des réseaux neuronaux dédiés à la vision, bien plus puissants que ceux du traitement textuel. Ainsi, le cerveau peut traiter traite les images 60 000 fois plus vite que le texte

L’information est traitée plus vite avec les images

Les informations visuelles, comme les schémas, les icônes, les couleurs, activent le cortex visuel de manière quasi-instantanée. Le langage, au contraire, nécessite un décodage séquentiel.

le traitement visuel est central pour penser et le sens des mots

L’étude révèle à quel point le traitement visuel est profondément intégré et fondamental pour des fonctions qui, en apparence, n’ont rien à voir avec la vue, comme la compréhension du langage. Lorsque vous écoutez une histoire, votre cerveau active non seulement les aires auditives et du langage, mais aussi des aires sensorielles spécifiques, notamment les aires visuelles. La compréhension du langage repose en grande partie sur la capacité du cerveau à évoquer des images mentales.

Le traitement visuel n’est pas seulement pour « voir », il est aussi un fondement essentiel de la pensée et de la sémantique. Il est au cœur de la façon dont nous pensons, imaginons et donnons du sens aux mots.

La créativité est stimulée via le mode divergent

Le visuel active l’hémisphère droit du cerveau. Ce mode divergent favorise l’association d’idées pour en créer de nouvelles. Et puis, contrairement au langage verbal plus linéaire, le développement des idées se fait en arborescence. L’émergence d’idées se fait en plus grand nombre et avec une plus grande variété.

« Le visuel est le langage universel de l’intelligence »
John Medina -Brain Rules

« Design Thinking & Visual Prototyping » (Stanford d.school, 2023) Les prototypes visuels, même basiques, accélèrent l’itération pour innover en R&D.

Cerveau et complexité

La compréhension émerge de l’organisation visuelle

La visualisation sur feuille de papier aide à structurer un projet complexe, à le clarifier et ceci bien mieux qu’un discours. On peut décomposer des concepts abstraits en éléments concrets, même des formes simples. Dans sa prise de note, on relie alors ses idées par des associations spatiales, par des flèches, par la taille des éléments qui hiérarchisent. Par conséquent, les informations complexes peuvent être synthétisées sous forme d’une carte conceptuelle.

D’un coup d’œil, les liens entre tâches du projet se révèlent (contrairement à une liste linéaire).

David Sibbet un pionnier de la facilitation graphique, rencontré lors d’une rencontre internationale de facilitateurs visuels, a coutume de dire que « Dessiner, c’est déjà penser. »

Les schémas aident à modéliser des scénarios complexes

Exemple: Design thinking dans la semaine de la créativité à Burgondy Business School: Les prototypes visuels, de simples croquis, aide les membres du groupes communiquer entre eux. Ils peuvent plus facilement questionner une partie de leur prototype pour avancer plus efficacement dans leur projet. Enfin, leur maquette les aide à présenter leur produit ou service aux entreprises.

atelier design thinking facilité par Florence rigneau avec la pensée visuelle

Le rôle des images contre la surcharge mentale

Le stress affecte le champ visuel qui se rétrécit et altère la cognition visuelle sous l’effet du cortisol.

Les outils visuels réduisent la charge cognitive

Les outils visuels externalisent les idées du cerveau au papier. Selon la théorie de la charge cognitive de Sweller, ils allègent la mémoire de travail. La structuration des idées qui se fait sur un objet distinct, permet de voir sous une autre perspective, avec du recul.

David Sibbet détaille comment l’utilisation d’éléments visuels (schémas, cartes, dessins) pendant les réunions permet de :

  • Réduire la charge cognitive en externalisant l’information, libérant ainsi la mémoire de travail des participants.
  • Augmenter l’engagement et la compréhension collective.
  • Diminuer la confusion et les malentendus, ce qui réduit la fatigue associée aux efforts pour « suivre » une conversation complexe.

Mémoire renforcée et engagement émotionnel accru

Couleurs et formes favorisent l’attention et stimulent le système limbique, le siège du traitement des émotions

Les participants retiennent 80% des infos présentées visuellement contre 20% pour un discours (Medina, Brain Rules).

Mais combiner texte et images améliore la rétention d’information par rapport à un texte seul.

La double codage verbal et visuel (théorie de Paivio) crée des connexions neuronales supplémentaires, facilitant la réactivation des idées mémorisées.« Dual Coding Theory Revisited » (Mayer & Fiorella, 2022, Educational Psychology Review)

« Sketchnoting for Knowledge Retention« 

Comment la pensée visuelle impacte la communication et la productivité

Un croquis réduit les ambiguïtés

Un croquis réduit les ambiguïtés à la fois pour les individus mais aussi au sein d’un groupe. L’analyse d’interactions en groupe montre que le recours aux visuels et aux graphes favorise l’explicitation et la confrontation des points de vue, puissants leviers pour faire évoluer les conceptions et accroître la créativité

Dans un atelier que je facilite, par exemple, je peux questionner le groupe car ce que j’ai entendu ne se dessine pas. Non pas que je ne sache pas comment le représenter visuellement, mais plutôt,parce qu’il y a trop d’ambiguïté. Je pose alors des questions précises pour amener le groupe à se mettre d’accord sur les points flous.

L’équipe s’aligne en produisant une référence visuelle commune qui servira de point de repère pour les réunions à venir.

la mémoire de travail visuelle est bien plus flexible et capable de stocker plus d’informations utiles qu’on ne le pensait auparavant. Cela signifie que lorsque nous utilisons des outils visuels (comme des diagrammes ou des cartes mentales), nous exploitons cette flexibilité de notre mémoire visuelle pour mieux traiter et manipuler des informations complexes, ce qui facilite indirectement la résolution de problèmes. vs les méthodes verbales selon l’étude

Quels outils pour une collaboration visuelle ? »

Étude : Visualizations That Really Work Scott Berinato: Les équipes utilisant des outils visuels, comme les cartes mentales, prennent des décisions plus vite et avec moins de conflits.

La data visualisation améliore l’efficience dans la résolution de problèmes de 19% en moyenne, selon des études citées dans les rapports de psychologie cognitive, grâce à la simplification et à la structure des informations complexes en éléments visuels.

Peinture acrylique sur bois 40cm sur 40cm représentant dans les tons bleus et verts brillants des neurones